Réinventer son métier : des légumes aux sapins

Le 09 décembre 2009Indicateur 2009

Réinventer son métier : des légumes aux sapins

Ces mêmes serres qui accueillaient voilà environ 45 ans des légumes, servent aujourd’hui à la culture de fleurs. Les serres Darrou, installées à Godewaersvelde, au pied du Mont des Cats, ont changé progressivement d’activité dans les années 1980.

L’entreprise d’horticulture a été fondée par les parents de l’actuel dirigeant, Marc Darrou. « Les gens ont commencé à vouloir des légumes réguliers, bien calibrés. Nous cultivions beaucoup de tomates en pleine terre et nous sommes passés au hors sol pour répondre à cette demande. Mais nous avons perdu le goût « , se souvient Marc Darrou. La transition s’est faite sur cinq à six ans. Des légumes, les Darrou sont passés progressivement à la culture des fleurs.

Ils produisaient déjà des chrysanthèmes. Aujourd’hui, l’établissement produit toujours des chrysanthèmes mais aussi des pensées, des primevères, des géraniums ou encore des sapins, derniers arrivés dans l’univers des Darrou. Le sapin a remplacé la pomponnette voilà quelques années. Marc Darrou a osé le pari et il est en passe de réussir. « L’an dernier, nous avons vendu un millier de sapins. Cette année, nous espérons en écouler 1 500″, explique-t-il. Ses Ormorica – une variété qui résiste mieux à l’humidité que le Norman et qui aime la terre de Flandre – sont vendus directement à Godewaersvelde mais aussi à la grande distribution de la région Nord – Pas-de-Calais. S’il commercialise des sapins depuis 2006, Noël 2009 devrait être plein de promesses. « Ils ont atteint une bonne taille, près de 2 mètres. C’est ce que les gens recherchent », détaille l’horticulteur. Se démarquer est important quand on exerce le métier d’horticulteur à la frontière belge. Les prix y sont attractifs. Marc Darrou a donc choisi de travailler sur des nouvelles variétés, peu vendues chez nos voisins belges. Il n’est pas peu fier d’annoncer l’arrivée pour le printemps d’un nouveau géranium à la couleur prune. « Je me suis battu pour avoir des boutures », indique-t-il tout sourire. Les tests sont concluants. Le géranium à port droit fait beaucoup de fleurs et est très résistant.

Un chauffage économique et écologique

Avec ses 14 000 m² de serres, Marc Darrou dispose d’une grande capacité de production. Déjà 120 000 primevères s’épanouissent chez lui.

Repiquées au mois d’août, elles quitteront les serres en début d’année 2010 et seront remplacées par les géraniums. Les temps morts dans l’activité horticole se faisant de plus en plus rares et les volumes de fleurs écoulés étant plus importants, Marc et Lydie Darrou n’hésitent pas à investir dans des machines performantes. Une repiqueuse de nouvelle génération a remplacé l’ancienne. « Avant, il fallait six à sept personnes pour repiquer, maintenant trois suffisent », précise-t-il. En bout de chaîne, les plants repiqués dans des pots individuels sont acheminés dans les serres grâce à un tapis roulant.

Les investissements de ces dernières années ne sont pas négligeables, notamment dans le système de chauffage. Marc Darrou a pris trois ans pour prendre la décision d’installer une chaufferie à bois qui alimente un chauffage central. Cinq ans plus tard, il ne regrette pas d’avoir investi 320 000 euros dans cette installation et le hangar de stockage du bois. « Nous devions changer la chaufferie. Le propane augmentait et ce système me paraissait intéressant mais je voulais le voir fonctionner chez un indépendant comme moi », raconte-t-il. Son combustible : les déchets de bois. « Nous consommons 200 à 300 tonnes de bois par an. Il nous faut 600 kg de bois par heure quand le chauffage tourne à plein régime, soit un mois par an », précise Marc Darrou. Ce système permet de chauffer plus de 5 000 m² de serre. Et, cerise sur le gâteau, l’entrepreneur de Godewaersvelde a obtenu une subvention de 20 % de l’ADEME car ce mode de chauffage émet peu de CO2. Le bilan carbone est donc intéressant. Dans le même ordre d’idée, un système fermé d’arrosage a été installé. Il permet d’économiser de l’eau mais aussi de l’engrais.

Si la vente en gros représente la majorité du chiffre d’affaires de l’entreprise, Marc Darrou veut développer la vente au détail dans les prochaines années.

Attirer des clients chez lui toute l’année, voilà son prochain challenge



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